- GALLO-ROMAINE (RELIGION)
- GALLO-ROMAINE (RELIGION)GALLO-ROMAINE RELIGILes documents directs que nous ont laissés les Celtes (et donc les Gaulois) antérieurement à la conquête romaine sont archéologiques et relèvent de la protohistoire. Ils excluent également les témoignages littéraires et la sculpture monumentale. La civilisation matérielle des Celtes a été à l’origine une civilisation du bois et du métal, fer et bronze. On a parlé d’«aniconisme», ce qui n’est que partiellement exact, même à propos de l’art linéaire de La Tène.Il a existé des représentations figurées, y compris des sculptures (la preuve en est donnée par les statues de bois découvertes aux sources de la Seine), et César parle de simulacra , mais leur quantité et leur extension sont restreintes; ils se situent presque toujours dans la dépendance étroite de l’influence classique; et il est difficile de soumettre à l’exégèse religieuse une iconographie dépourvue de tout commentaire discursif. En son genre, le témoignage de César sur le panthéon et sur la classe sacerdotale est unique. Mais il n’est plus valable pour la Gaule romanisée ou en voie de romanisation.La religion des Gaulois indépendants se confond avec la religion celtique. La religion gallo-romaine est autre chose. Elle s’inscrit dans le contexte d’une rupture: politique (les Gaulois adoptent ou subissent le système administratif et gouvernemental romain); linguistique (la langue gauloise disparaît entièrement en tant que langue de culture et d’administration); religieuse (les druides perdent toute autorité et sont condamnés à disparaître). Et elle se manifeste par l’apparition : d’une abondante iconographie imitée de modèles ou de prototypes romains; d’une épigraphie entièrement latine; de temples et d’édifices cultuels en pierre. Le tout est confirmé et officialisé par l’adoption générale du culte impérial, concrétisé dans les inscriptions par la formule in honorem domus divinæ («en l’honneur de la maison divine»). Il est caractéristique de cette rupture que, dans les lettres gauloises de langue latine dont le meilleur représentant est Ausone, à la fin du IVe siècle (à une époque où le gaulois était encore une langue parlée), chaque fois qu’il est question de religion, la mythologie est classique et uniquement classique, avec à peine de vagues allusions aux ascendances druidiques de quelques personnages.La romanisation était déjà commencée au IIe siècle avant J.-C. dans le midi de la Gaule, dans la province romaine de Narbonnaise, allant de pair avec une profonde hellénisation culturelle. On en voit le résultat dans les sanctuaires d’Entremont et de La Roquepertuse, dont la statuaire allie le réalisme gaulois et des thèmes iconographiques d’inspiration classique. Il va de soi cependant que la romanisation n’a pas été immédiate et totale. La survie de la langue gauloise est prouvée par quelques témoignages écrits, par les toponymes, par les anthroponymes et les théonymes de l’épigraphie latine de Gaule. La survivance de conceptions religieuses indigènes est attestée par la coexistence de théonymes gaulois et romains, avec des flottements ou des variations dans l’attribution du théonyme gaulois à la divinité romaine officielle. Il subsiste un décalage évident entre les cultes officiels et les cultes populaires, la frontière entre les uns et les autres étant souvent malaisée à déterminer, parce que la seule base d’étude est l’iconographie et qu’elle présente des strates de romanisation plus ou moins superficielle ou plus ou moins profonde. La sculpture religieuse d’époque romaine exprime la naissance et le développement d’un art provincial dont les règles et les canons esthétiques modifient parfois considérablement les modèles romains. Il arrive même parfois qu’un concept religieux celtique soit rendu par un thème plastique d’origine étrangère: tel est, par exemple, le cas d’Épona, dite souvent «déesse des chevaux» par les Romains eux-mêmes, dont le nom est gaulois (epos , «cheval»), mais dont la représentation figurée trahit une origine hellénistique ou méditerranéenne.
Encyclopédie Universelle. 2012.